[…] Toute cette résistance est une résistance normale dans l’Église, dans un organisme qui doit survivre, et c’est pour cela que nous disons : nous sommes d’Église, nous sommes l’Église catholique, nous continuons l’Église catholique, nous continuons, les autres s’en éloignent, ce sont eux qui sont schismatiques. Ce sont ceux qui font toutes ces nouveautés qui deviennent schismatiques. Ils ne sont plus catholiques, je vous l’assure. C’est épouvantable, mais c’est comme ça.
Alors devant cette déviation profonde à l’intérieur de l’Église de la foi catholique, alors que faire ? Que faire sinon faire de bons prêtres. Mais pour faire de bons prêtres, il faut des évêques, il faut des évêques catholiques. S’il n’y a pas d’évêques catholiques, on n’aura pas de bons prêtres. Alors c’est comme ça que j’ai supplié Rome, j’ai supplié Rome pendant des années : donnez-moi des évêques catholiques, permettez-moi de faire des évêques catholiques. — Ah non, non, pas question, vous n’avez qu’à vous adresser à tous les évêques, et tous les évêques dans le monde pourront vous remplacer si vous n’avez pas la possibilité d’ordonner vos séminaristes, si vous mourez, ils s’adresseront aux évêques diocésains. Alors j’ai dit : il n’est pas possible de faire des prêtres catholiques avec des évêques qui ne sont plus catholiques. Et j’ai insisté jusqu’à signer ce fameux protocole d’accord avec Rome.
Qu’est-ce que je demandais dans ce protocole ? La chose principale que je voulais obtenir, c’était cet évêque. Je voulais un évêque.
… Maintenant que je vous ai envoyé des noms, il faut que d’ici deux mois, vous me donniez le nom de celui que vous avez choisi pour que je puisse le sacrer et avoir un évêque tel que vous me l’avez promis — Ah, non, c’est impossible, impossible, c’est trop vite, c’est trop tôt. — C’est absolument faux. Alors j’ai insisté, j’ai menacé : «si vous ne me le donnez pas, je vais sacrer moi-même des évêques». — bon, bon, envoyez encore des noms, il faut envoyer des noms mais il faut que vous présentiez un candidat qui ait le profil — c’était le terme qu’ils employaient — qui ait le profil désiré par le Saint-Siège. Alors là j’ai compris, je n’aurais jamais mon évêque traditionnel. S’il faut qu’il ait le profil désiré par le Saint-Siège, c’est-à-dire un profil progressiste, un profil moderniste, c’est impossible, inutile, je n’y arriverai jamais. Il y avait une volonté derrière cela de ne pas me donner cet évêque. D’ailleurs ils me l’avaient dit plusieurs fois au cours de conversations : vous n’avez pas besoin d’évêques, vos séminaristes n’ont qu’à s’adresser aux évêques des diocèses. J’ai dit : Non, je veux des évêques traditionnels, des évêques qui gardent la foi, des évêques qui protégeront la foi de mes prêtres, des évêques qui formeront mes prêtres dans la foi catholique. L’évêque est le père de ses prêtres. Si on met un père qui est progressiste et moderniste, il aura des prêtres modernistes. Je ne veux pas. Alors on s’est heurté, là, j’ai dit : C’est comme ça, vous me refusez, c’est bien, c’est que vous n’avez pas les mêmes intentions que moi. Votre intention est de me réduire à la soumission, à la révolution du concile. Vous voulez que nous soyons soumis à la révolution du concile. Et nous, nous refusons cette révolution à l’intérieur de l’Église. Nous voulons demeurer catholiques. Donc, c’est terminé, je ferai des évêques, des évêques catholiques. […]
Mgr LEFEBVRE à Albias (Tarn-et-Garonne)
le 10 octobre 1990